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Semaine de rando à ski dans le Beaufortain, France

Vacances de neige au Tessin

Pour ne pas chercher plus et parce que la région du Beaufortain et le gîte Viallet à Arêche avait beaucoup plu l'année dernière, Jean-Marie s'était proposé d'y organiser une nouvelle semaine de rando à ski, un peu pour achever celle avortée de 2020. Mais avec cette pandémie incontrôlable et incontrôlée, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. A quelques semaines du départ, il a fallu se résigner à éviter la quarantaine en pays gaulois. Rester en Suisse n'est pas un mal en soi. Notre terrain est assez vaste. Il suffisait de trouver un endroit original. Jean-Marie s'est concerté avec notre guide Jean-Jacques et une option est prise sur le Val Bedretto (côté tessinois du Nüfenen).

Nous partons dimanche 14 mars en début d'après-midi pour rejoindre le refuge All'Acqua, dans le hameau du même nom, un peu après Bedretto, à env. 1600m d'altitude. On passe une première soirée à regarder tomber la neige et repérer un peu les pentes.

Lundi matin, le temps est bouché, c'était prévu, et il est tombé un bon 50 cm de neige fraîche. Nous partons brasser cette masse de poudre légère. Légère, mais son poids se fait sentir avec la quantité et la pente que nous prenons pour monter en direction du Passo San Giacomo. Nous n'osons pas trop traverser les pentes plus larges et restons sur les bosses, parmi les mélèzes. Très bons exercices de conversion dans la très haute neige. Plusieurs se relaient à tracer pour évoluer de quelques 300m. On ne prend pas plus de risque et on descend dans cette masse de neige impressionnante, un peu plus bas que le point de départ. On « repeaute », on fait une pause à l'abri d'un toit de grange, et on redémarre pour une nouvelle montée semblable dans la forêt de mélèze, un peu plus à l'est. Re-brassage, re-conversions (non, pas encore de reconversion), jusqu'à la sortie des arbres, après environ 400m de progression. La visibilité est trop nulle pour continuer, et la neige n'arrête pas de tomber. Re-bain de neige pour descendre jusqu'au refuge où nous attend le patron… pour nous signifier que la route va être fermée (jusque-là, on s'en fout, on ne va pas repartir),… et que la vallée doit être évacuée. Il nous suggère un hôtel à Airolo, que nous rejoignons de suite, après avoir rassemblé nos affaires.

Hôtel simple, avec belle salle à manger, et joli coin-salon avec feu d'ambiance pour l'apéro.

Mardi 16. Toujours pas mal bouché. Il a neigé encore. On ne sait pas si la route pourra être ouverte à nouveau. Elle  nous permet quand même de remonter la vallée jusqu'à Ossasco et nous faisons une course toujours dans ces pentes nord-nord-ouest, en direction de la cabane Cristalina. Le temps est toujours bouché, mais moins que hier. La couche est plus légère et le soleil n'est pas loin. Nous sommes toujours subjugués par l'épaisseur de neige qui nous permet de belles photos. Nous progressons bien jusqu'à un ensemble de chalets d'alpage où nous trouvons un nouvel abri pour une pause. La suite est un peu plus à plat, et il faut tracer en pensant à la descente pour éviter de pousser dans cette masse de neige. La couche s'est déjà transformée un peu et nous permet une descente plus jouissive que hier.

La route pour All Acqua n'est toujours pas ouverte, et nous redescendons à Airolo pour une nouvelle nuit à l'hôtel des Alpes. Le tour d'Airolo down town : rien de folichon…

Mercredi, on nous annonce la réouverture de la route du Val Bedretto (alors que la couche de neige et sa transformation nous semble plus précaire aujourd'hui, ce serait plus logique qu'elle soit fermée aujourd'hui plutôt que lundi). On rembarque toutes nos affaires et remontons au refuge, d'où nous partons pour une nouvelle course. On reprend le premier itinéraire de lundi, en direction du Passo San Giacomo. Le temps est de nouveau bien bouché. Il neige et la vue ne porte pas bien loin. On dépasse rapidement le niveau du premier arrêt de lundi, pour arriver à une zone hameau avec plusieurs chalets et même une petite chapelle. La situation est dantesque et spectaculaire. Il y a des bosses et des creux avec de telle amoncellements de neige soufflée qu'on peut croire à des barres de sérac à peine visible dans le brouillard, et infranchissables. Et on monte de quelques mètres pour contourner l'obstacle sans soucis !

On s'arrête un peu avant le but final, car la visibilité nous ôte tout plaisir (en fait on se repérait à une ligne à haute-tension, mais vers le col, cette ligne impressionnante de 6 double-câbles se transforme tout d'un coup en une ligne à 3 fils misérables ; on restent dubitatif sur les normes électriques entre la Suisse et l'Italie J). On a un bon feeling, car le groupe des suisses-allemands continuant (qui sont aussi au refuge All'Acqua, et au demeurant très indisciplinés avec le port du masque), nous leur brûlons la politesse pour se payer une superbe tranche de pente vierge pour la descente. La neige est encore plus transformée et permet un ski fabuleux !

Tout vient à point pour qui sait attendre !! Jeudi, le ciel est dégagé. Nous repartons dans ce même versant qui va nous permettre un peu plus d'altitude. Sorti de la forêt de mélèzes, le froid nous accompagne et il faut gérer les couches d'habits. Nous progressons en parallèle d'un groupe de l'armée, puis terminons sans les skis les derniers mètres du Poncione Val Piana (env. 2700m).

Superbe panorama avec vue sur le Finsteraarhorn et ses voisins. A partir de là, on a droit à une descente des grands jours, avec de larges pentes et une neige parfaite.

Vers 17h30, alors que nous sirotons tranquillement l'apéro, on est témoin d'une scène qui aurait pu être dramatique : la pente en face du refuge « vient en bas » sur toute sa largeur. Assez rapidement, Jean-Jacques s'inquiète de savoir pourquoi, et on comprend aussi rapidement qu'une personne est prise. Appel à la Rega, quelques uns s'apprêtent à rejoindre les recherches. Heureusement, la victime est dégagée, sauve, par ses camarades. Une imprudence de snow boarders qui se filmaient…

Pour vendredi 19, nous avions eu le temps de scruter les pentes du côté sud, et le fameux Gerenpass où nous avions des informations d'itinéraires pour voir des phénomènes de blocs de glace spectaculaires. Nous renonçons pour ne pas prendre le risque d'une neige trop transformée et pas agréable. Pour notre dernier jour, nous restons avec les recettes qui fonctionnent, soit celles d'une orientation nord avec une neige encore fabuleuse. Nous quittons le refuge et descendons dans la vallée jusqu'à la hauteur de Ronco, pour prendre un itinéraire de montée dans un vallon voisin de celui de hier, la Val Piana, pour finir sur une « bosse » située un peu en dessous du sommet d'hier. Il fait plus froid, mais la météo est magnifique. On se paie une nouvelle tranche de descente dans une belle poudreuse, jusqu'aux véhicules.

Le retour en Suisse romande par le Gothard et Lucerne se fait, tranquille… mais les suisses-allemands sont vraiment agressifs, décidément. Un des leurs nous touche le bus sur une entrée d'autoroute et nous « tasse » contre la berme centrale… et continue sa route. Heureusement, le chauffeur d'un camion nous fait signe de sortir de l'autoroute pour témoigner et durant l'entretien avec la police, nous apprenons que le fuyard… n'est plus en fuite !

Merci à Jean-Marie pour l'organisation toujours impeccable et Jean-Jacques pour la conduite des courses. Et merci à Lulu et Roby, Alain, Marianne et Stephan, Moteur, Véro et Néné pour l'agréable compagnie.

 

                                                                                              Michel Villard